23 mai : la fierté des descendants d’esclaves

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« Limyè ba yo ! » (honorons-les !). C’est le slogan que reprenait la foule en chœur, ce samedi 23 mai 2015, sur la place de la République, à Paris, où plus de 30 000 personnes participaient à la 17e Journée du souvenir des victimes de l’esclavage colonial. De 14 h à 23 h00, le public a pu découvrir ou revisiter l’histoire comme la foisonnante créativité des cultures nées de l’esclavage, en honorant la mémoire des millions d’hommes et de femmes qui les ont générées dans les colonies des Antilles françaises et de l’Océan indien. Dans un vaste village monté pour l’occasion, leurs descendants se sont pressés autour d’expositions et de stands de généalogie pour retrouver l’identité de leurs aïeux esclaves. L’ampleur de leur mobilisation et la fierté qu’ils affichaient ce 23 mai prouvent à quel point le besoin de se remémorer et d’honorer leurs parents, longtemps oubliés, est grand parmi les Français descendants d’esclaves. Musique et danse traditionnelle, fresque historique, concerts… Des Parisiens de toutes origines ont participé à cette fête de la fraternité et du souvenir dépouillée de tout ressentiment, qui s’est achevée sur la musique de plusieurs parmi les plus grands artistes antillais – Jacob Desvarieux, Jocelyne Béroard, Tony Chasseur, Tanya St-Val… – et le groupe mythique haïtien, Tabou Combo.

 

Une date populaire

Cette journée de commémoration des victimes de l’esclavage a dépassé le cadre de la place de la République. Dans plusieurs villes d’Ile-De-France, d’autres manifestations se sont tenues. Dès le matin, une cérémonie religieuse, à la basilique de Saint-Denis, nécropole des Rois de France, a été présidée par Mgr Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis et vice-président des évêques de France. Puis, trois cérémonies républicaines départementales ont eu lieu. La première a rassemblé 500 personnes à Saint Denis, en présence du président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, du président du conseil régional de la Guadeloupe, Victorin Lurel, du président du conseil général de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, du député et du maire de Saint-Denis, et de deux représentants du conseil régional d’île de France. Dans son discours, Christiane Taubira, a souligné que « la date du 23 mai a été officialisée en reconnaissance du combat de la société civile, un combat de militants de la mémoire qui contraignent l’histoire à surgir ». Une date populaire qu’il convient désormais de ne plus opposer au 10 mai, journée institutionnelle nationale commémorant l’œuvre abolitionniste.

La deuxième cérémonie républicaine s’est déroulée à Creil, dans l’Oise, en présence 700 personnes, des élus du département et de la ministre des Outre-mer, Mme George Pau-Langevin. Lors de cette commémoration empreinte d’une forte émotion, elle a inauguré un monument portant les prénoms, matricules et noms de 213 aïeux d’Antillais de l’Oise affranchis en 1848. La troisième s’est déroulée à Sarcelles, avec la présence du député-maire de la ville, François Pupponi, et de la déléguée interministérielle à l’égalité des chances des Français d’outre-mer, Sophie Elizéon.

 

Contre le racisme et l’intolérance

Sur la place de la République, à Paris, Jean-Paul Huchon, le président de la région Ile-de-France, George Pau-Langevin, et le président du CM98, Serge Romana, ont aussi rendu hommage aux 17 victimes des attentats de janvier 2015, rappelant la nécessité de demeurer vigilants face aux nouvelles expressions de l’intolérance.

Loin des suppliques des réparations, la journée du 23 mai, fondée sur le triptyque Reconnaissance – Réconciliation – Construction, s’affirme comme un moteur déterminant pour la construction de la République et le devenir des sociétés post esclavagistes françaises.

 

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